DES IMAGES INSOUTENABLES

Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, continue de faire des siennes. Quand les autres afficheurs n’y voient ni offense, ni infraction à la loi Evin, Métrobus s'obstine à censurer systématiquement toute image ou photographie représentant une cigarette. Les affiches des films « Coco Chanel » et « Gainsbourg, Vie Héroïque » en ont fait les frais. La Cinémathèque, qui présentait une rétrospective Jacques Tati, s’est vu obligée de remplacer la pipe du célèbre réalisateur par… un moulin à vent.

De manière générale, et pas seulement dans le métro, la censure effectue aujourd’hui un très notable retour en force. Jacques Chirac, pour illustrer la couverture du premier tome de ses mémoires, a été privé de son mégot incandescent. Alain Delon, en juillet 2009, dont une photo de jeunesse a été exploité pour les besoins publicitaires du parfum « Eau Sauvage » de Dior, a lui aussi été « photoshopé » pour faire disparaître une cigarette. Sans parler de Sartre pour une exposition de la BNF. D’autres pubs sont censurées pour des motifs qui laissent rêveur : ainsi une campagne publicitaire pour Orange qui montrait un gamin glissant le long d’une rampe d’escalier . Publicité recalée pour préserver « la sécurité des enfants » (sic) ou la boutique de chaussures en ligne Sarenza qui, dans un spot, montrait une jeune femme giflant son compagnon. Suppression à nouveau sous prétexte qu’il s’agissait là d’une « atteinte à la dignité humaine » (re-sic).

Par contre, la RATP, pour ne citer qu'elle, ne se gène pas pour afficher en panneau grand format une jolie photo d’un lépreux exhibant son moignon (pour la Fondation Raoul Follereau), diverses images pour soutenir des association humanitaires avec des enfants sortant de quelque immeuble effondré lors d’un tremblement de terre ou des femmes à moitié nues pour vendre yaourts et autres denrées alimentaires de première nécessité. On attend avec impatience la suppression de la dernière publicité télé pour Evian avec ses bambins en patins à roulettes (un sport très dangereux) et l’éradication définitive de toute réclame pour les automobiles qui, rappelons-le, tuent chaque année près de cinq mille personnes dans notre beau pays.

Bref, il est grand temps de censurer les censeurs.